Breakdance à Troyes… toute une histoire avec Tony B de W.B.B. !

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Ils combattent la gravité, s’élèvent dans le rythme et la créativité… À mi chemin entre discipline sportive et culturelle, la breakdance d’aujourd’hui porte l’héritage des anciens : des figures, des techniques, mais aussi des valeurs, et… une histoire. Lors d’une conférence sur la « culture urbaine » dans le cadre du festival « En piste l’artiste » en mai 2017 à Troyes, Nabil de la compagnie Quintessence est intervenu en apportant notamment son expérience de danseur professionnel et d’organisateur de battles (rencontre-compétition de danseurs). Il a évoqué le pôle troyen de la breakdance dans les années 80, nous avons voulu en savoir plus en rencontrant l’éclairé Tony B de W.B.B. crew.

1984: W.B.B. (World Breakers Brothers) à Troyes.

Tony B, W.B.B. :

« Le W.B.B. a été créé en 1984 à Troyes, c’était assez tôt dans le développement de la discipline en France, et deux frères d’origine mauricienne participèrent rapidement à la montée du niveau, avec particulièrement Louis Allet, alias Ned. Ce n’est pas facile d’avoir des témoignages de l’époque, mais petit à petit des cassettes vidéo ressortent, comme en 1986 une battle à la salle de musique actuelle à côté du Musée du Vauluisant. C’était moins formel, moins encadré qu’aujourd’hui, mais les meilleurs danseurs d’Europe étaient présents. Les danseurs représentaient leur quartier, leur ville, et l’ambiance pouvait être un peu électrique parfois. Mais la danse était avant tout un moyen d’expression, une manière d’exister. Il y avait peu de lieux de rassemblement et la salle « espace cité» de Troyes est devenue une place créative importante avec un retentissement européen. Ned avait vraiment un niveau au dessus, il faisait par exemple une impressionnante couronne en tournant sur l’arrête de la tête. Mais il y avait déjà une idée d’émulation et de partage, des stages ont été instaurés et des allemands comme Storm venaient régulièrement. »

 

Le renouveau.

« Cette formation a permis un renouvellement, Nabil est arrivé à la fin des années 80, pendant la période des stages européens. Il s’est donc entrainé sans le savoir avec les meilleurs d’Europe. En 90 il a créé Quintessence, en rejoignant de nombreuses compagnies comme Käfig, ou Black Blanc Beur. Il a même fait une apparition aux côtés d’Aktuel Force dans le film La Haine de Kassovitz durant la scène de danse. Nabil est un activiste dans le milieu, il a créé des battles à Saint-Denis en 95 et en 2000 avec à gagner des places pour des battles aux États-Unis, c’était hors norme !

Il y a une ensuite eu toute une nouvelle génération, avec Yalatife de Romilly, champion de France, Amine, Momo, Fouzi ou Saïd. En 2000, il y a eu plus de hip hop dans le théâtre ou la danse contemporaine, ça s’est démocratisé et il y a eu donc plus de pratiquants, environs 200 danseurs autour de Troyes. Cela a permit une nouvelle émulation vers l’excellence avec la création du crew Sans Limite, qui est resté pendant 10 ans au meilleur niveau européen, avec des compétitions jusqu’aux États-Unis ou au Japon.»

 

T.C. Et c’est à cette époque que vous avez commencé la danse ?

« Oui, j’habitais à Courteranges, j’ai connu la danse par la télé, et j’ai pu m’entraîner avec les Sans Limite. L’entraînement était dur, les remarques incisives, mais la progression fut rapide. J’ai cependant dû attendre 2007 pour trouver ma voie, il faut savoir qu’en breakdance surtout à l’époque il fallait trouver son style, ses mouvements, pour se démarquer. Il ne fallait surtout pas se contenter de reproduire ceux des autres, la personnalité était primordiale. »

 

 

Nabil parle volontiers de la vibration que les danseurs doivent évoquer, du lâcher prise nécessaire pour sortir de la routine et faire voyager. Sortir des complexes et pousser les frontières…  les frontières du corps, les frontières de l’esprit, mais aussi les frontières culturelles et les frontières sociales. L’association W.B.B. œuvre quant à elle à développer la formation et la compétition dans la région, pour qu’il y ait toujours de la danse autour de Troyes, et montrer qu’une ville peut avoir du talent, aussi petite soit elle. Tony B a été dans le top 5 français entre 2012 et 2014, il travaille désormais à pousser cette créativité et à transmettre l’histoire aux jeunes. 10 évènements sont organisés par an, dont 5 jams (rassemblement sans compétition), le festival « En piste l’artiste », et des spectacles avec des écoles de musique ou des troupes de théâtre…  300 pratiquants dans la région bénéficient des cours et des stages des « lords of the floor », on leur souhaite longue vie !

On fait un break ?

Originaire des États-Unis, le mot « break » viendrait du fait de passer d’un disque à l’autre en répétant des boucles de musiques. Dans les années 70, les pistes de danses s’affolent autour de pionniers comme Afrika Bambaataa, DJ Kool Herc et Grandmaster Flash, qui établiront les bases du hip-hop (rap, graffiti, breakdance).

En France, les « breakers » ou b-boys débarquent lors de tournées dès le début des années 80, et les premiers clips et vidéos commencent à inspirer les danseurs, jusqu’à l’explosion de l’émission H.I.P.H.O.P. de Sidney en 1984. Le 1er groupe en France est alors Aktuel Force, porté par des personnages comme Gabin Nuissier, ou Xavier Plutus, et qui comptera notamment dans ses rangs les futurs membres du groupe N.T.M., Kool Shen et Joey Starr.

Fabien Prost.

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Breakdance in Troyes a real story with Tony B – W.B.B.!

They fight the gravity, rise in the rhythm and the creativity. Between sports and cultural discipline, breakdance carries the inheritance of the former: techniques, but also values, and history. During a conference on the  » urban culture  » within the framework of the festival « En piste l’artiste  » in May, 2017 in Troyes, Nabil of the company Quintessence intervened by bringing in particular his experience of professional dancer and organizer of battles (meeting-competition of dancers). He evoked the Trojan pole of breakdance in the 80’s, we wanted to know more about it by meeting Tony B of W.B.B. crew.

1984: W.B.B. (World Breakers Brothers) in Troyes.

Tony B, W.B.B.:

 « The Trojan W.B.B. was created in 1984, it was early in the development of the discipline in France, and two brothers of Mauritian origin quickly raised the level, with particularly Louis Allet, alias Ned. It is not easy to have testimonies of the time, but little by little video cassettes stand out, as in 1986 a battle in the room of current music next to the Vauluisant Museum. It was less formal, less framed than today, but the best dancers of Europe were present. The dancers represented their district, their city, and the atmosphere could be a little bit electric sometimes. But the dance was above rall a way of expression, a way of existing. There were few places of gathering and the room of Troyes became a creative important place with an European echo. Ned really had a best level, he made for example an impressive crown by turning on the side of the head. But there was already an idea of emulation and sharing, internships were established and from German as Storm came regularly. « 

The revival.

 » This training allowed a renewal, Nabil arrived at the end of the 80’s, during the period of the European internships. He trained himself with the best of Europe, without knowing it. In 90 he created Quintessence, by joining numerous companies as Käfig, or Black Blanc Beur. He even made an appearance beside Aktuel Force in the movie La Haine of Kassovitz during the dance scene. Nabil is an activist, he created battles in Saint-Denis in 95 and in 2000 with places for a battle in the United States to win, it was exceptional!
Then a whole new generation came, with Yalatif de Romilly, champion of France, Amine, Momo, Fouzi or Saïd. In 2000, there was more hip-hop in the theater or the contemporary dance, it became more democratic and thus there were about 200 dancers around Troyes. It has allowed a new emulation towards the excellence with the creation of the crew Sans Limite, which stayed during 10 years in the best European level, with competitions to the United States or in Japan. »

T.C. And it is at that time that you began the dance?

« Yes, I lived in Courteranges, I knew the dance by the TV, and I could train with the crew Sans Limite. The training was hard, the remarks incisive, but the progress was fast. I had however to wait for 2007 to find my way, it is necessary to know that in breakdance it was necessary to find your style, your movements, to distance yourself. You should not especially content with reproducing those others, the personality was essential. »

Nabil speaks gladly about the vibration which the dancers have to evoke, of the necessary letting go to go out of the routine and make travel. Take out complexes and push the borders the body borders, the spirit borders, but also the cultural borders and the social borders. The W.B.B. association works as for it to develop the formation and the competition in the region, so that there is always some dance around Troyes, and to show that a little city can show talent. Tony B was in top 5 French between 2012 and 2014, he works from now on to push this creativity and to pass on the history to the young people. 10 events are each year organized, among which 5 jams (gathering without competition),the “En Piste l’Artiste” festival, and the shows with music schools or theater companies … 300 members in the region benefit from courts and from internships of the « lords of the floor », they are wished long life!

We make a break?

Native of the United States, the word « break” would come to pass from a record to the other one by repeating music loops. In the 70s, dance floors were in fire around pioneers as Afrika Bambaataa, DJ Kool Herc and Grandmaster Flash, who established the hip-hop bases (rap, graffiti, breakdance).
In France, « breakers » or b-boys appeared from the beginning the 80s, and the first clips and videos begin to inspire the dancers, until the explosion of Sidney‘s broadcast H.I.P.H.O.P. in 1984. The 1st group in France was then Aktuel Force, carried by characters as Gabin Nuissier, or Xavier Plutus, and who counted in particular in his crew the future members of the N.T.M. group, Kool Shen and Joey Starr.

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