« Univers intimes », Piero Cavalleri entre matière et lumière.

Voilà déjà huit ans que Piero Cavalleri et Cathy Kerveillant animent l’Espace d’Art Contemporain Passeart de leur passion, de leurs sourires, et de leurs lumières… huit années de partage, et de rencontres avec des artistes de tous horizons.  Diplômé de l’Académie des Beaux-arts de Rome en 1972 puis licencié en Arts plastiques 74 à Paris, pour Piero Cavalleri l’art est partage : professeur de peinture en son atelier rue Passerat à Troyes, il reste pédagogue jusque dans le plaisir de présenter sur ses cimaises ses artistes « coup de cœur ».

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À chaque exposition de son propre travail, c’est l’occasion de suivre le cheminement, la recherche de l’artiste, et c’est un vrai plaisir ! « Univers intimes », c’est toute la richesse, la complexité et la générosité, de l’expression d’un explorateur sans frontière. Sensualité, tension, douceur, océans électriques, ou vues explosives sur un paysage où résonne l’atmosphère inquiétante d’une citadelle enflammée, perdue dans une montagne aux sombres et fantastiques accents de Mordor… De façon romantique,Piero peint des seuils et nous accompagne bien volontiers pour les franchir, comme attirés par une étrange lumière…

T.C. Sur les dernières toiles on sent une certaine évanescence, on se détache de la « matière » picturale ?

« Il y a un mot en italien  que j’affectionne et qui ne trouve pas son exact équivalent en Français : le « disfacimento ». Quelque chose qui était fait et qui se défait, et c’est intéressant car c’est le moteur même de toute création artistique. En tant que plasticien on est constamment dans le mépris des règles, dans la volonté de vouloir détruire quelque chose pour pouvoir construire. En travaillant avec matière et lumière, à chaque fois il y a renaissance, reproposition… En parlant de couleurs, habituellement je reste assez monochrome. Sur les derniers tableaux j’ai « osé » mélanger les terres, les bruns, les ocres rouges avec les bruns. C’est un jeu, une confrontation entre le terrien et l’aérien qui m’intéresse, et qui va sûrement se poursuivre dans mon approche. Il y a sur certaines toiles une idée d’incendies, c’est venu principalement de la couleur, des ocres, des rouges, des oranges. C’est la lumière qui détruit le solide, avec aussi le côté prométhéen du feu  qui éclaire l’obscurité et en même temps qui consume. Sur d’autres c’est simplement la lumière du ciel qui est presque trop forte et qui vient faire disparaître les bâtiments, le solide, le matériel. Loin du divin au sens religieux du terme, des pragmatiques comme Michel Onfray, dans son livre Cosmos que je lis avec attention, parlent de cette idée d’éléments, de particules qui nous composent, qui peuvent se recomposer, et qui forment le cosmos. Toujours entre matière et lumière, mais pour moi la lumière est avant tout celle de la connaissance, celle qui nous fait avancer et découvrir. »

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« Univers intimes », Piero Cavalleri, à l’Espace d’Art Contemporain Passeart jusqu’au 15 avril.

Propos recueillis par Fabien Prost.

Pour en voir / en savoir plus :

http://www.pierocavalleri.fr/

http://www.passeart.fr/

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« Intimate universes », Piero Cavalleri between light and material.

Since already eight years Piero Cavalleri and Cathy Kerveillant lead the Contemporary Art Space Passeart of their passion, their smiles, and their lights… Eight years of sharing, and meetings with artists of any horizons. Graduate in the Academy of Fine Arts in Rome in 1972 and then in 74 in Paris, for Piero Cavalleri the art IS sharing : professor of painting in his workshop Passerat street in Troyes, he stays  teacher with the pleasure to present on the cymas his lovely discovered artists.
In every exhibition of his own work, it is the opportunity to follow the artist research, and it is a real pleasure!   » Intimate Universes « , it embodies all the wealth, the complexity and the generosity, of an borderless explorer expression. Sensualism, tension, sweetness, electric oceans, or explosive scenes on greats landscapes which seem to come out from the dark and spectacular Lord of the Rings’ Mordor… Piero paints romantics thresholds and accompanies us very gladly to cross them, as attracted by a strange light…
T.C. On the last paintings we can feel a kind of evanescence, as a detachment of the pictorial « material”?

P.C.  » There is a word in Italian which I like and which does not find exact sound equivalent in french: « disfacimento ». Something which was made and which becomes undone, and it is interesting because it is even the mainspring of any artistic creation. As plastics technician we are constantly in the contempt of rules, with the will to destroy something to be able to build something else. By working with material and light, every time there is revival, reproposition … By speaking about colors, usually I remain rather monochrome. On the last paintings I  » dared  » mix earth colors, browns, red ochre with browns. It is a game, a confrontation between the terrestrial and the aerial which interests me, and which is certainly going to continue in my approach. There is on certain paintings an idea of fires, it came mainly from the color, the ochre, the red, the oranges. It is the light which destroys the solid, with also the Promethean side of the fire which lights the darkness and at the same time which consumes. On others it is simply the light of the sky that is almost too strong and which comes to remove buildings, solid, material. Far from the divine in the religious sens, pragmatic as Michel Onfray, in his book Cosmos which I read with attention, speak about this idea of elements, about particles which compose us, which can recompose, and which form the cosmos. Always between material and light, but for me the light is above all the one of the knowledge, the one who takes forward us and to discover. « 

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 » Intimate Universes « , Piero Cavalleri, Gallerie Passeart, until April 15th.

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